Dans l’univers enchanteur du cinéma d’animation, peu de noms résonnent avec autant de passion que celui de Don Bluth. Pionnier de l’animation des années 80, il a su capturer l’imaginaire collectif avec des œuvres mémorables. Parmi celles-ci, « Brisby et le secret de NIMH » se distingue par son récit poignant et son esthétique soignée. Ce film, adapté du roman « Mrs. Frisby and the Rats of NIMH » de Robert C. O’Brien, explore des thèmes profonds tels que le sacrifice, la survie et la quête de connaissance, tout en mettant en lumière la beauté et la cruauté du monde naturel. À travers l’histoire de cette courageuse souris, Don Bluth élabore un univers riche et fascinant, alliant des techniques d’animation traditionnelles à des émotions palpables, laissant une empreinte indélébile dans l’imaginaire de plusieurs générations de spectateurs.
L’Envol d’un Créateur Ingénieux
Don Bluth, ébloui dès l’enfance par Blanche-Neige, fait ses premiers pas chez Disney en 1956, en tant qu’assistant sur La Belle au bois dormant. Au fil des années 70, il devient l’un des piliers de l’animation Disney, contribuant à des classiques tels que Les Aventures de Robin des bois, Peter et Eliott le dragon et Les aventures de Bernard et Bianca. Cependant, déçu par l’orientation artistique et économique de Disney, Bluth quitte l’entreprise le jour de son anniversaire en 1979 pour former Don Bluth Production, avec Gary Goldman et John Pomeroy. Leur premier projet, un court métrage intitulé Banjo, le chien malicieux, marque les débuts d’une nouvelle aventure artistique.
Une Histoire Singulière et Ambitieuse
L’adaptation cinématographique du roman jeunesse Madame Brisby et le secret de NIMH de Robert C. O’Brien est le point de départ d’une odyssée unique. L’intrigue s’écarte des schémas manichéens traditionnels, mettant en scène Mme Brisby, une souris des champs veuve et mère de quatre enfants. Face à la menace du labourage des champs par le fermier Fitzgibbon et la pneumonie de son fils Timothée, Mme Brisby cherche de l’aide auprès de mystérieux rats porteurs d’un secret scientifique terrifiant – le fameux NIMH.
Un Univers Sombre et Enchanteur
Contrairement aux dessins animés traditionnels, Brisby et le secret de NIMH ne s’adresse pas aux tout-petits, mais plutôt aux enfants capables de surmonter des séquences intenses et spectaculaires. Le film mélange habilement réalisme et visions cauchemardesques, offrant une expérience énigmatique et troublante. Les personnages, qu’ils soient bons ou mauvais, tels que le hibou gothique, omniprésent et caverneux, ajoutent à l’atmosphère intrigante et déstabilisent les spectateurs habitués à des distinctions claires entre le bien et le mal.
Des Personnages Inoubliables
Le film présente des personnages ciselés et mémorables :
- Le corbeau espiègle, avec la voix de Roger Carel en VF.
- Les enfants espiègles de Mme Brisby, apportant des instants de légèreté.
- Mme Brisby elle-même, une héroïne atypique, mère de famille humble et sage défiant tous les dangers.
L’anthropomorphisme et l’intelligence diabolique des animaux révèlent au fil du récit une dimension inattendue, bien que certaines explications restent partiellement convaincantes.
Esthétique et Animation Révolutionnaires
Esthétiquement, Brisby et le secret de NIMH conserve la patine visuelle héritée de l’âge d’or de Disney, tout en intégrant une mise en scène inventive et des cadrages ingénieux. Le travail sur la lumière et les couleurs accentue l’aspect onirique et fantastique de cette aventure épique. Les décors, semblables à des tableaux figés, s’animent uniquement lors des interactions avec les personnages, apportant une fluidité et une chaleur graphique rares. La musique de Jerry Goldsmith renforce l’atmosphère unique du film.
Un Héritage Indélébile
Après des œuvres phares telles que Fievel et le nouveau monde, Charlie mon héros, et Rock-O-Rico, la redécouverte de Brisby et le secret de NIMH dévoile une copie magnifiquement restaurée, enrichie de bonus captivants, incluant une analyse historique de Xavier Kawa-Topor et un making-of passionnant. Cette pépite de l’animation n’a rien perdu de sa splendeur, continuant d’émerveiller et de troubler par son récit poignant et ses thèmes universels.