Plongez dans l’univers captivant du film culte de Shinji Sōmai : Typhoon Club (1985). Une oeuvre qui ne manquera pas de vous embarquer dans un tourbillon d’émotions et de sensations cinématographiques.
Un chef-d’œuvre méconnu restauré
En automne 2023, grâce à la sortie du film Déménagement (1993), nous avons également redécouvert un autre chef-d’œuvre du cinéaste japonais Shinji Sōmai : Typhoon Club (1985). La société de distribution Survivance a restauré ce précieux film, permettant ainsi à un nouveau public de découvrir la lucidité cruellement poignante de Sōmai sur les paradoxes de la jeunesse.
Un portrait radical de l’adolescence
Typhoon Club dépeint une adolescence à la fois ludique et brutale, parfois jusqu’à la décadence. Loin des mélodrames de Déménagement, ce film se montre plus radical en exposant les jeux de cruauté des jeunes comme un paravent de leur détresse intérieure. Les lycéens de Sōmai défient l’autorité, se rencontrent furtivement dans leur école la nuit, en quête de frissons et d’excès.
Entre candeur et violence extrême
Le film explore une tension constante entre la candeur adolescente et une violence extrême. Le contraste est frappant, comme dans la séquence d’ouverture où le jeune Akira, nageant paisiblement, se retrouve perturbé par un groupe de filles. L’euphorie de la scène vire rapidement à l’horreur lorsqu’elles tentent de le noyer. Ce mélange déstabilisant est une constante dans Typhoon Club, où les adolescents cèdent à leurs envies, parfois criminelles.
L’adolescence abandonnée
Les lycéens du film sont pratiquement livrés à eux-mêmes, les adultes étant absents ou aussi irresponsables que leurs élèves. Le typhon qui se prépare, métaphorique de la tempête intérieure des adolescents, les pousse à se confiner clandestinement dans leur école. Ce confinement libère leurs excès, exacerbe leur violence et expose leur solitude.
Rituel de passage entre éclats de joie et terreur
La nuit du typhon devient un rite initiatique pour ces lycéens, aussi joyeux que terrifiant. Dans l’une des séquences marquantes, un garçon poursuit sa camarade dans l’école pour l’agresser, une scène qui rappelle la tension du cinéma d’horreur des années 70. La tension monte, les frontières entre festivité et menace s’estompent, particulièrement lors de la « danse de la pluie », où la joie des adolescents tourne à une célébration presque mystique sous la tempête.
Une fugue révélatrice
En parallèle, le personnage de Rie, seule et désorientée dans les rues battues par le typhon, vit une soirée d’initiation solitaire. Confrontée à des hommes inquiétants, elle éprouve la liberté anxiogène de l’indépendance forcée. Son retour au lycée, le dernier plan du film, symbolise la dualité de Typhoon Club: la persistance face à l’adversité, mais une solitude certaine.
Entre festival macabre et drame joyeux
Typhoon Club est une œuvre vénéneuse. Par son côté à la fois carnavalesque et profondément noir, le film crée un oxymore : est-il une fête morbide, ou un drame joyeux et terrifiant? La violence, omniprésente, devient une composante essentielle des relations humaines dans le film. Sa complexité laisse un goût d’étrangeté indélébile.