Tickets restaurant et télétravail : une nouvelle mesure qui risque de faire grincer des dents

Depuis la généralisation du télétravail pendant les confinements, le sujet des tickets restaurant cristallise les tensions entre salariés et directions. De nombreuses entreprises se sont appuyées sur un flou juridique pour mettre un frein à l’octroi de cet avantage pour les télétravailleurs. À la suite de décisions judiciaires divergentes, où certaines villes soutenaient les droits des employés en télétravail tandis que d’autres validaient leur exclusion, une certaine confusion s’est installée sur le terrain. Ce 8 octobre 2025, la Cour de cassation tranche net et clair sur la question : il est désormais illégal pour un employeur de refuser d’accorder des tickets-restaurant sur le seul motif que le salarié exerce son activité à distance. Ce cadre juridique, en conformité avec le Code du travail, assure à tous les salariés, qu’ils soient sur site ou en télétravail, des droits identiques concernant cet avantage. Mais derrière cette victoire se cachent aussi des enjeux économiques qui laissent présager des crispations au sein de certaines entreprises.

Un cadre juridique fort pour les tickets restaurant en télétravail

La décision rendue par la Cour de cassation le 8 octobre 2025 correspond à une avancée majeure pour les droits des télétravailleurs. Elle répond à la question cruciale : un salarié en télétravail peut-il bénéficier des tickets restaurant tout comme ceux travaillant en présentiel ? Selon la cour, la réponse est oui, sans ambiguïté. L’article L.3262-1 du Code du travail précise que tout salarié ayant un repas compris dans son horaire de travail a droit à cette forme de paiement, indépendamment de son lieu de travail. Cela signifie que le critère géographique ne peut plus être invoqué pour restreindre un avantage tel que le chèque déjeuner.

Cette clarification juridique met fin à un certain nombre de pratiques abusives. De nombreux employeurs profitaient du flou légal pour priver les télétravailleurs de tickets restaurant, considérant leur situation de travail à distance comme un motif suffisant pour les exclure de cet avantage. Des cas judiciaires avaient déjà émergé, certains tribunaux validant les recours des salariés, tandis que d’autres s’alignaient sur la position défavorable des employeurs, créant ainsi une mosaïque de jurisprudences parfois contradictoires. Désormais, les employés qui vivent la réalité du télétravail peuvent s’appuyer sur une décision ferme et unanime de la Cour pour réclamer leurs droits.

Implications pour les entreprises : un coût à prendre en compte

Si cette décision constitue une victoire pour les salariés, elle représente aussi un défi financier pour les employeurs. Les tickets restaurant, qui possèdent une valeur moyenne d’environ 9,40 € en 2025, représentent une somme significative. Pour un salarié, cela pourrait générer près de 200 € mensuels supplémentaires dans leur budget. Cela devient d’autant plus crucial dans le contexte actuel, où le coût de la vie est en hausse et où les budgets alimentaires pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des travailleurs.

Les employeurs, en particulier dans les secteurs où le télétravail est majoritaire, vont devoir prendre en compte ces nouvelles réglementations. Certaines entreprises, qui avaient opté pour une politique interne visant à limiter ou exclure les avantages pour les employés en télétravail, devront maintenant adapter leur stratégie. Finies les discriminations basées uniquement sur le mode de travail ; chaque salarié, peu importe son lieu de travail, doit bénéficier des mêmes droits et avantages. Cela pourrait susciter des débats au sein des entreprises, notamment sur les modalités de mise en œuvre de cette nouvelle règle.

L’évolution de la perception des tickets restaurant par les employeurs

Face à ce nouveau cadre juridique, les employeurs vont devoir réévaluer leur position sur les tickets restaurant, ainsi que leur perception du télétravail. Au-delà des obligations légales, la question se pose quant à l’importance de satisfaire les attentes des salariés, qui sont de plus en plus nombreux à privilégier le télétravail. Pour de nombreuses élites d’entreprise, le télétravail représente une opportunité d’attirer et de retenir les talents, surtout dans un marché de plus en plus concurrentiel.

La stratégie d’une entreprise doit désormais inclure une réflexion sur l’égalité de traitement des salariés. De plus en plus de petites et grandes entreprises commencent à mettre en place des politiques d’inclusivité, intégrant des avantages tels que les tickets restaurant dans leurs démarches de ressources humaines. La norme évolue, et les travailleurs s’attendent à ce que les avantages sociaux reflètent non seulement leurs efforts, mais aussi leur réalité professionnelle. L’indispensabilité des récompenses financières, comme le chèque déjeuner, pourra transformer la perception des employeurs sur le travaillant à distance.

Les cartes de restaurant et autres alternatives

Avec l’essor du télétravail et cette évolution législative, des solutions alternatives aux traditionnels tickets restaurant commencent à voir le jour. Parmi celles-ci, on peut citer des systèmes comme Sodexo, Edenred, ou encore Swile qui visent à simplifier le processus d’octroi des avantages alimentaires tout en répondant aux attentes moderne des télétravailleurs. Ces entreprises proposent des cartes de restaurant prépayées, offrant une flexibilité que les tickets classiques n’ont pas.

Utiliser des cartes comme Monkey ou des offres similaires permet d’adapter l’avantage en fonction de la consommation réelle, ce qui est particulièrement pertinent dans un contexte où les bureaux ne peuvent plus se répartir les repas comme avant. Ces solutions visent à maximiser le paiement des repas sans contrepartie, rendant leur utilisation plus fluide tout en répondant à la nouvelle réalité des travailleurs. Des outils innovants comme Apetiz et Monizze apparaissent également sur le marché, offrant des services personnalisés qui permettent une meilleure gestion des subventions alimentaires pour garantir que les employés ne se perdent pas dans les méandres administratifs.

La réaction des travailleurs face à cette nouvelle réglementation

Bien que cette nouvelle décision de la Cour ait été accueillie comme une avancée majeure par de nombreux employés, elle ne fait pas l’unanimité. Pour certains, le système des tickets restaurant reste insuffisant, surtout lorsque ces avantages sont perçus comme des « cadeaux » administratifs plutôt que comme des droits inaliénables. Certains travailleurs estiment qu’il est temps d’aller encore plus loin et de revendiquer d’autres droits liés au télétravail, tels que des compensations pour les frais de fonctionnement à domicile ou des congés adaptés aux contextes de travail. De plus, l’égalité de traitement ne se limite pas uniquement aux tickets restaurant. D’autres avantages, tels que des primes d’activités ou des allocations de transport, doivent également être reconsidérés pour tenir compte du télétravail.

De plus, la complexité de la gestion des tickets restaurant et leur encadrement juridique peuvent susciter des interrogations. Par exemple, comment les employeurs définiront-ils clairement les jours où les titulaires du ticket restaurant seront présents ou absent, en cas de travail hybride ? De nombreux sujets restent à clarifier avec un dialogue ouvert entre les syndicats, les entreprises et les instances législatives pour une expérience bienveillante et adaptée aux enjeux de la modernité.

Les conséquences économiques du télétravail à grande échelle

Alors que l’impact du télétravail se fait sentir sur les comptes des employés, il n’est pas sans conséquences pour l’économie locale. De nombreuses professions dépendent d’une clientèle qui se déplace habituellement pour se restaurer et consommer. Les tickets restaurant non dépensés par les télétravailleurs affectent directement les restaurateurs et les entreprises de métiers de bouches, soulignant ainsi l’impact indirect de cette réglementation sur le tissu économique local. En favorisant le télétravail, certaines zones commerciales ressentent un fléchissement de la demande, créant un besoin urgent pour des modèles commerciaux plus adaptables.

Cette dynamique pourrait conduire à une reconfiguration des zones d’affaires et de services, adaptant les modèles d’affaires aux nouvelles attentes du marché. Les entreprises pourraient devoir changer leur manière de converser et de fidéliser leurs clients face à une clientèle composite. Les décisions des entreprises sur les tickets restaurant peuvent finalement résonner autant sur leur bilan financier que sur la santé économique de leurs zones d’activité, incitant ainsi à un débat plus large sur la viabilité du modèle de télétravail dans le cadre d’un système socio-économique équilibré.

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