À partir du 1er novembre, un changement significatif attend des millions de foyers français en matière de consommation électrique. Avec l’évolution des modes de production d’électricité et une attention accrue portée aux énergies renouvelables, notamment le solaire, la structure des heures creuses subit une réforme. Initiée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), cette modification impactera près de 11 millions de foyers, redéfinissant les plages horaires où les tarifs d’électricité sont plus avantageux. Mieux répartir la consommation au cours de la journée devient l’objectif central de cette opération, destinée à apporter une souplesse aux habitudes de consommation des ménages, tout en s’alignant sur la production d’électricité verte. Ce changement est en partie motivé par l’augmentation des heures de production d’électricité renouvelable, et les consommateurs devront prêter attention à leur nouveau calendrier énergétique afin de bénéficier de ces ajustements.
La genèse des heures creuses
Le dispositif des heures pleines/heures creuses a vu le jour dans les années 1960, à une époque où la France mise avant tout sur le nucléaire pour sa production d’électricité. À cette époque, l’idée était d’inciter les foyers à consommer de l’électricité durant la nuit, lorsque la demande était bien plus faible qu’en journée. Cela permettait non seulement de stabiliser la consommation d’énergie mais aussi d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes. Aujourd’hui, la situation a évolué radikalement. L’essor des énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire, a conduit à une produzione électrique plus fluctuante et a mis en lumière les limitations de l’ancien système.
Alors que pendant des décennies, les foyers étaient encouragés à utiliser leurs appareils électroménagers de nuit, les nouveaux enjeux environnementaux nécessitent désormais une adaptation des comportements de consommation. La présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, souligne le besoin pressant d’aligner la consommation d’électricité sur les moments de forte production. Ainsi, augmenter le nombre d’heures creuses durant la journée, particulièrement en été, devient une initiative pertinente pour répondre à la montée des besoins d’électricité.
En effet, la réalité du marché de l’électricité ne se base plus uniquement sur des considérations de demande nocturne. Avec près de 14,5 millions de foyers sous le régime d’heures pleines/heures creuses, l’adaptation est essentielle pour rester en phase avec les nouvelles tendances de production et de consommation. La mise en place progressive de ces changements, qui s’étalera jusqu’à fin 2027, permet à Enedis et aux fournisseurs d’électricité tels qu’EDF, Engie, et TotalEnergies de préparer leurs clients à ces évolutions nécessaires.
Les nouveaux horaires des heures creuses
Les changements qui interviennent à partir du 1er novembre 2025 concernent majoritairement la redistribution des heures creuses de nuit en période estivale. En hiver, le système précédent perdure dans une certaine mesure, conservant des créneaux nocturnes d’au moins cinq heures consécutives entre 23 h et 7 h. En revanche, dès le début d’avril, la nouvelle logique prend effet avec un passage à des heures creuses midi, qui s’étend de 11 h à 17 h. Ce sera durant cette période que les consommateurs pourront bénéficier de tarifs réduits.
Concrètement, pour un abonné dont les heures creuses sont actuellement fixées de 2 h à 8 h et de 13 h à 15 h, les créneaux pourraient évoluer vers 1 h 30 – 7 h la nuit et 14 h – 16 h 30 l’après-midi. C’est une grande opportunité pour les foyers qui travaillent à domicile ou disposent de systèmes de recharge pour véhicules électriques. La flexibilité ainsi accordée favorise une consommation énergique plus harmonieuse, meilleure non seulement pour le budget des ménages mais aussi pour l’environnement.
Ce changement s’accompagne également d’une mention importante : environ 3,5 millions de foyers ne seront pas touchés par ce réaménagement, en particulier ceux qui ont déjà des créneaux nocturnes de 23 h à 7 h. Ce groupe pourra continuer à bénéficier des heures creuses dans les plages jugées cohérentes avec les directives du régulateur. Les fournisseurs d’énergie, tels qu’Happ-e et Planète Oui, s’engagent à informer leurs clients au moins un mois avant toute modification de leur contrat. Chacun est donc invité à se familiariser avec ces nouveaux circuits pour exploiter au mieux cette transition énergétique.
Pourquoi ce changement est-il nécessaire ?
La réforme des heures creuses se justifie par plusieurs facteurs sous-jacents. En premier lieu, le besoin de lisser la consommation électrique durant la journée est devenu pressant. En France, en 2024, les producteurs d electricity ont été confrontés à 235 heures de prix négatifs, soit 5,4 % du temps dans le premier semestre. Ce phénomène survient lorsque l’offre de production, notamment solaire, excède largement la demande, conduisant à des pertes économiques pour les producteurs. En adaptant les plages horaires, la CRE vise à réduire ces pertes et à rationaliser la gestion et l’équilibre de la production.
La décentralisation de la consommation d’électricité s’avère également un argument crucial. Avec des initiatives croissantes en matière de télétravail et des besoins énergétiques accrus, notamment pour la recharge des véhicules électriques, il est essentiel que les horaires de consommation s’alignent sur les nouvelles réalités de la vie quotidienne des foyers. Par ailleurs, cela doit également aider à rendre le réseau plus résilient et adapter les capacités de production aux habitudes de consommation.
Des entreprises comme Bulb et ekWateur ont souvent plaidé pour que les fournisseurs s’adaptent rapidement à ce contexte changeant, basé sur une plus grande durabilité et une consommation responsable. Le besoin d’accompagner des pratiques telles que le pilotage des pompes à chaleur et le stockage de l’électricité devient ainsi encore plus pressant. Les nouvelles heures creuses, qui favoriseront la consommation électrique en milieu de journée durant l’été, sont une avancée vers un avenir énergétique plus équilibré.
Les impacts sur les consommateurs
Les modifications apportées aux heures creuses auront un impact direct sur les comportements énergétiques des consommateurs. Les usagers devront prendre en compte ce nouvel agenda pour planifier leur utilisation des appareils électroménagers. Cela peut nécessiter une réévaluation des routines quotidiennes, surtout pour ceux qui dépendent massivement de l’électricité dans leur quotidien.
Il convient également de noter qu’une meilleure sensibilisation et éducation autour de cette transition sont primordiales. La nécessité de s’adapter à des créneaux horaires qui sont désormais plus en phase avec les moments de forte production d’électricité promet d’apporter des bénéfices à long terme. Toutefois, ce réajustement implique de prévenir tout risque de confusion parmi les consommateurs, que ce soit par des campagnes publicitaires ciblées ou par des communications claires de la part des fournisseurs.
Un aspect important est la relation entre les fournisseurs d’énergie et leurs clients. Les attentes à cet égard évoluent également. Des entreprises comme Iberdrola et Ohm Energie ont déjà intégré une approche axée sur la transparence et l’écoute des clients, tant en matière de tarification que d’informations sur les heures creuses. Les consommateurs deviennent des acteurs de leur consommation énergétique, ce qui pousse les fournisseurs à être toujours plus réactifs.
Conclusion sur l’adaptation aux nouvelles heures creuses
Les changements affectant les heures creuses, qui entreront en vigueur à partir du 1er novembre, apportent un souffle nouveau dans la gestion de la consommation d’électricité. En phase avec les évolutions des énergies renouvelables et les besoins des consommateurs modernes, cette réforme redéfinit en profondeur les pratiques de consommation. Elle crée une dynamique où les avantages d’une gestion plus souple et plus efficace des heures creuses peuvent être ressentis à tous les niveaux. L’équilibre entre production électrique et consommation devient ainsi essentiel et constitue un enjeu majeur pour le futur énergétique de la France.